LE DOJO
On doit toujours saluer en entrant dans l’endroit où l’on s’entraine. Cela n’a rien de militaire mais le fait d’incliner la tête est un signe d’humilité. Dans la vie, on ne se comporte jamais en disant : « Je sais », la tête bien haute. Le fait d’être humble, de saluer, c’est laisser, sur le pas de la porte, toutes les scories de la vie courante qui sont un frein à la progression dans le Karaté-Do.
Le Dojo est l’endroit où communient élèves et professeurs. C’est dans le silence que le Maître fait passer sa connaissance. Dans le Dojo, on ne doit pas poser de question lorsque le Maître explique une technique. Premièrement, parce qu’il y met tout son cœur, et qu’il est hors de question de couper son fluide ; mais aussi, parce qu’en Karaté il faut sentir avant de comprendre. Le bavardage est inutile. Le Maître apprécie la recherche de ses élèves à leurs actes.
Lorsqu’on pénètre dans le Dojo, il faut laisser son « moi » à la porte. Dans la vie, le verbe devrait être l’instrument d’expression de la vérité. En Karaté, c’est le geste qui exprime cette pensée intérieure. Maître OICHI répondit un jour à cette question : « Quelle différence y-a-t-il entre l’enseignement Occidental et l’enseignement japonais ? Techniquement, il n’y en a aucune. Les Hommes sont tous capables d’exécuter une technique quelque soit leur ethnie. Il y a juste une petite différence : Au Japon, le Maître dit : « Fait », et l’élève fait. En Occident, le Maître dit : « Fait », et l’élève demande d’abord : « Pourquoi ? ».
Le Dojo, pendant les cours est l’endroit sacré où l’on doit tuer son « ego ».
Dans le Dojo, on pratique la technique, on apprend à maitriser son corps, ceci est la partie visible de l’iceberg. Le véritable combat est celui du « moi ». L’apprenti guerrier devra d’abord étudier et maîtriser ses sens intérieurs avant d’aller chercher le témoignage de la valeur de son travail face à un adversaire. La plus haute signification du Dojo est l’endroit du combat contre soi-même. Les obstacles ne sont que les imperfections, les défauts techniques du pratiquant. Le but à atteindre est le véritable « soi » qui passera d’abord par le « HARA » (ventre). Il ne faut jamais penser que dans le Dojo on est celui qui fait et qui exécute, mais celui qui s’initie dans un groupe à la recherche du parfait.
Dans le Dojo, il faut rechercher le véritable silence intérieur et ne pas réfléchir au pourquoi et au comment. Si des pensées parasitaires interviennent pendant l’étude le corps ne pourra trouver l’harmonie.
LE KARATEGI BLANC
Pourquoi tous les élèves et le professeur sont-ils en Karatégi blanc dans le Dojo ? C’est exactement le même symbole que le salut. Dans le Dojo, tout le monde est sur le même pied d’égalité, tant sur le plan social que sur le plan de la pensée. Le blanc est le symbole de la pureté et de l’esprit. Seul le karaté-do vit au sein du groupe et non l’individualité de chacun. Lorsque l’on pratique des techniques deux par deux, il faut toujours saluer son partenaire car sans lui, vous ne pouvez progresser, de même lorsqu’on affronte un adversaire on le salue humblement, sans lui, on ne peut savoir la vérité sur sa propre progression. L’issue du combat donnera la réponse aux questions que vous vous posez.
KIRITSU (ou KILITSU)
Signifie se relever avec rectitude.
LE SALUT
Le salut est basé sur le respect des ancêtres et des dieux (les Kamis). Nous assimilerons les Kamis au cosmos, à l’infini qui est plus grand que l’homme. Le cœur du guerrier, le coté gauche, symbolise le divin. Le salut commence dès que l’on rentre dans le Dojo. Au Japon, il y a toujours un petit temple accroché au mur, et souvent la photo d’un maître d’une école. En entrant dans le Dojo, regardez bien où il est placé. S’il est en face de vous, commencez à pénétrer du pied droit, ainsi dans votre premier pas votre corps sera dirigé vers le coté gauche. Si le temple est ou la photo se trouve du coté gauche, alors entrez du pied droit. Ainsi le premier pas que vous ferez mettra votre corps face au temple tandis que si vous commencez du pied inverse, vous montrerez la moitié de votre dos. Cette attitude est irrespectueuse et exprime la désinvolture de votre entrée. Si le temple ou la photo se trouve à droite, entrez du pied gauche. En résumé, il faut toujours entrer du pied droit sauf si le temple est à droite.
RITUEL DES TROIS SALUTS
Le sensei est face à ses élèves. Le temple se trouve dans son dos. Le plus ancien (sampei) est sur sa gauche. Au signal « SEIZA », tous se positionnent à genoux. Le sensei se retourne vers le temple et au commandement « SHOMEN NI REI », lancé par le plus ancien, tous s’inclinent vers le temple. Le sensei fait ensuite face à ses élèves. « SENSEI NI REI » est le troisième commandement qui indique que tous s’inclinent pour saluer le sensei. Lui-même répond à ce salut. « OTAGA NI REI » est le quatrième commandement : saluez-vous entre vous. Il y a quatre commandements mais il n’y a que trois saluts.
SHOMEN NI REI
SHOMEN signifie « face à ». Ceci est pris dans le sens où l’Homme, avant de se livrer à des pratiques guerrières, doit tout d’abord faire face à ce qui est plus grand que lui : le Cosmos.
SENSEI NI REI
SENSEI signifie celui qui est devant, celui qui sait avant la naissance. La dénomination de SENSEI est donnée à celui qui voue sa vie à la recherche de l’art. C’est un maillon de la chaîne qui transmet le karaté-do. Il n’est plus alors une identité que l’on vénère, mais fait partie de toute l’entrée de l’art.
OTAGA NI REI
OTAGA symbolise l’unité d’ensemble et le respect mutuel que l’on doit avoir pour une bonne pratique de l’art car sans l’autre, l’on ne peut progresser. Ce signal signifie : «Saluez-vous entre vous ».
MOKUSO
C’est le signal qui est donné juste après avoir pris la position SEIZA avant ou après le cours. Cela signifie trouver le calme et la concentration avant et après la pratique du karaté.
REI (ou LEI) : Dans la langue japonaise, le « R » et le « L » sont mélangés et ne donnent qu’un seul et même son arrondi entre les deux. REI accolé à d’autres idéogrammes signifie « se courber ». En revanche, l’idéogramme REI isolé signifie « l’homme qui se courbe devant DIEU » (Kami pour les Japonais). DIEU, ici, ne doit pas être considéré avec l’esprit occidental comme quelque chose de matérialisé mais plutôt comme le cosmos, l’infini, l’indéfinissable, le vide, le grand tout. Le vide est la source de tous les arts, et par l’art, le vide exprime son essence. Dans le vide, il y a rien et tout. A cet état, les deux forment une unité parfaite. Dans l’unité, il n’est possible de reconnaître quelque chose que si celle-ci se sépare de l’unité, s’en distingue. L’homme est une expression de cette séparation. Il est aussi la dualité qui permet de reconnaître le tout.
L’homme mène un combat perpétuel dans la vie puisqu’il est séparé de sa moitié complémentaire qui est restée dans l’invisible.
L’homme d’art et de connaissance sait que sa force de création et de recherche vient de l’état non manifesté, du vide. C’est dans cette conception que l’homme cultivant l’art martial s’incline.